Concours => Missu

A Toulouse, le 3 août 1766

Ma douce Elisabeth,

Me voilà condamné. La sentence vient de tomber et je vais devoir affronter la roue et le bourreau.
Tu sais pourtant que je suis innocent, accusé de ce crime que je n’ai pas commis, et bientôt je vais mourir au nom de ce qu’on appelle justice. Et quelle justice ! Incapables de trouver une autre piste, un autre suspect, ils n’ont pas eu à chercher bien loin : après tout j’étais son père, nous nous étions fâchés, ils ont donc décidé que j’étais le meurtrier, c’était tellement plus simple, tellement plus rapide.
Oui, voilà ce qu’est la justice : des condamnations distribuées par le bon vouloir de ces juges qui se croient supérieurs au peuple. Ets-ce vraiment ça la justice ? Est-ce juste d’être condamné sans avoir une véritable chance d’être innocenté ?

Enfin, sache que je vais malgré tout au devant de la mort avec sérénité. Je ne saurais peut être jamais ce qui s’est réellement passé, mais je sais que toi ma chère femme, tu vivras. Je verserai des larmes pour notre fils, et pour moi aussi, alors je t’en prie laisse moi partir en pensant à l’image de ton si tendre sourire.
Justice. Je crierai jusqu’au bout ce mot afin qu’un jour il prenne peut être une nouvelle signification. Afin qu’un jour la justice soit plus juste. Je t’aime.

John

« Et il cria Justice. »
C’est ainsi que Juliette concluait sa lecture en regardant son public pendu à ses lèvres, buvant ses paroles, fasciné.
Un garçonnet d’une dizaine d’année finit par lever la main et demanda : « Dis grande sœur, pourquoi il a été tué si il était innocent le monsieur ? » L’adolescente eut un sourire triste et répondit : « Tu sais, à cette époque la justice était arbitraire. C’est-à-dire que les juges décidaient de la culpabilité des gens. Il n’y avait pas d’avocat, alors les accusés pouvaient bien essayer de se défendre eux-mêmes mais cela ne changeait rien à l’avis des juges : ils choisissaient selon leur humeur de leur vie ou de leur mort. »
Une autre main se leva. « Mais...ça s’est passé quand, ça ? » interrogea timidement une petite fille. Juliette expliqua : « C’était au 18e siècle. John, l’auteur de cette lettre, était protestant. Et à cette période en France, il y avait beaucoup de querelles entre les catholiques et les protestants. Il a été accusé d’avoir tué son propre fils sous prétexte que celui-ci voulut se convertir au catholicisme. On découvrit plus tard qu’il s’agissait d’un suicide... Il y eut beaucoup d’affaires comme celle-là, où des protestants furent accusés de crimes par les catholiques, qui dominaient l’Etat. » Plusieurs gamins levèrent leurs mains pour poser des questions et la jeune fille y répondit avec simplicité.
Ce débat, Juliette avait décidé de le lancer avec les enfants de son quartier afin de les sensibiliser à notre époque, à la démocratie, à la justice. Elle l’anima avec conviction toute l’après-midi entière, et fut ravie de savoir que les enfants accordaient maintenant plus d’importance au système judiciaire d’aujourd’hui.
« Etre juste, c’est pouvoir vivre ensemble. » termina-t-elle avec le sourire.

"Etre juste c'est pouvoir VIVRE ensemble" j'aime trop ta réplique! Qui est entièrement juste...
je ne pensais pas que le sujet nous mènera a cette tristesse T_T! Mais... les blessures sont vraiment une façon d'apprendre...
j'aime vraiment ton histoire ^^ Missu... et je suis désolé pour John
je pense que Elisabeth a perdu deux personnes des plus chères...
ce que tu affirme, le fait que la justice de nos jours suit les envies des supérieures est vraiment vrais... et le fait que tu ai évoqué les enfants pour protester sur ce sujet, est la pure vérité qui dit que... la justice trouvera sa places avec les enfants de demains ^^
BRAVO